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Kasbah d'Agadir Oufella

La renaissance d’Agadir Oufella

Après soixante ans depuis le tremblement de terre, une décision a été prise pour redonner vie à ce lieu symbolique de l’histoire du Maroc, en respectant les protocoles internationaux pour la restauration du patrimoine post-catastrophe et en utilisant les dernières technologies patrimoniales. L’objectif est de permettre aux visiteurs de découvrir et de se recueillir sur le site.

Le Programme Royal de Développement Urbain d’Agadir 2020-2024, adopté le 4 février 2020 sous la présidence de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a permis de mobiliser un budget de 120 millions de dirhams pour restaurer la Kasbah d’Agadir Oufella. Cette kasbah représente une partie importante de l’histoire du Royaume et cette initiative vise à la préserver en tant que patrimoine culturel.

Archéologie préventive et fouilles archéologiques

L’archéologie préventive a pour objectif principal d’étudier les vestiges qui risquent d’être détruits lors de travaux d’urgence. Cette discipline permet non seulement d’identifier l’héritage patrimonial, mais également de documenter scientifiquement chaque intervention.

Dans le cadre du projet de réhabilitation du site d’Agadir Oufella, l’archéologie préventive a joué un rôle clé dans la vérification de l’exactitude des murs, des fondations et dans l’adaptation du projet de restauration à la lumière des découvertes archéologiques.

Après avoir examiné de nombreuses photographies anciennes et effectué des relevés et des plans pendant trois ans, l’architecte et d’autres experts ont proposé des hypothèses sur les interventions possibles sur le site.

Grâce à la stratigraphie, aux sondages archéologiques et aux prélèvements multiples, une chronologie constructive sur au moins cinq siècles a été reconstruite, ce qui a permis de mettre en perspective les grands moments historiques de la forteresse.

fouilles archéologiques fouilles archéologiques
Mur est

Le Mur Est, un mur chargé d’histoire, affiche les marques du temps.

Les murs portent en eux la mémoire de leur passé, que ce soit à travers leurs irrégularités ou leur matérialité, qui témoignent de la manière dont ils ont été construits. Dans le cas de ce lieu de souvenir, où les survivants ont perdu une partie de leur famille, il était important de mettre en évidence cette mémoire du traumatisme.

Les murs historiques présentent souvent des signes de leur âge, tels que des réparations, des patines qui ont résisté, de la chaux ancienne, ou encore des parties qui ont survécu à des événements passés, comme un tremblement de terre. Malgré son histoire tourmentée, le monument continue de résister à l’épreuve du temps et offre, contre toute attente, des leçons d’histoire précieuses.

La restauration du Mur Est

Pour assurer une restitution précise du mur Est, les matériaux utilisés ainsi que les caractéristiques architecturales et historiques ont été minutieusement étudiés et documentés. Avant d’entreprendre la restauration, des fouilles préventives ont été menées pour permettre de comprendre la stratigraphie des murs du rempart. Ces fouilles ont permis de découvrir plusieurs couches stratigraphiques jusqu’à la roche-mère, ainsi que des objets archéologiques offrant des indices sur les modes de vie passés dans cette partie des remparts.

Mur Est le cerne mémoriel

Le Mur Est, une empreinte mémorielle intemporelle.

Pour distinguer les parties inférieures du mur qui ont résisté au tremblement de terre des parties supérieures restituées lors du projet de mise en patrimoine (2020-2024), un traitement de la façade a été choisi. Lors de l’étape de l’application de l’enduit à la chaux, les parties du mur qui ont résisté au tremblement de terre ont été différenciées de celles qui ont été reconstruites à l’identique.

Deux laits de chaux ont été appliqués, l’un avec une teinte plus soutenue pour la partie originale et l’autre avec une teinte immaculée pour la reconstruction récente.

La réhabilitation du Mur Sud

Le Mur Sud de la forteresse d’Agadir Oufella a été partiellement détruit lors du tremblement de terre de 1960, entraînant une profonde détérioration de toutes ses structures. Dans le cadre des travaux de restauration de la forteresse dans les années 1990, le mur a été entièrement reconstruit en utilisant des matériaux composites tels que des pierres placées sur une structure en béton armé avec des chaînages réguliers. Cette structure contenait également des éléments de pisé originaux. La partie proche de la porte présentait des dégradations importantes avec des effondrements partiels et des éléments de pierre et de blocage désarticulés.

 

Ainsi, lors de la réhabilitation du site de 2020 à 2024, le mur a été entièrement restauré en se basant sur une section archéologique clairement visible, permettant de guider sa restitution intégrale.

rehabilitation du mur sud

Le Borj Sud-Est, la restauration

Au cours de sa réhabilitation, la fouille archéologique a révélé plusieurs périodes d’occupation de la tour, dont la plus ancienne était construite en pisé stabilisé à la chaux et ressemblait aux pisés saadiens de Taroudannt. Des failles sismiques caractéristiques ont fissuré le pisé sans l’effondrer, et des contreforts en pierre ont été ajoutés à la tour au fil des siècles pour la soutenir sans avoir à la reconstruire entièrement.

Lors du tremblement de terre, les bases de cette tour de pisé bastionnée et trapue sont restées intactes, et elles sont encore visibles aujourd’hui. En 1998, lors de la reconstruction, l’ancien bastion ayant survécu au tremblement de terre a été enfermé dans un sarcophage de béton et de pierre, qui a été découvert lors du démontage en 2021. Dans la restauration qui a suivi, tous les anciens enduits ont été conservés et mis en valeur pour témoigner des stigmates de l’histoire mouvementée du Borj.

Borj du mur sud
Hommage Murs parasismiques en hommage aux victimes

Les murs de la plateforme d’accueil ont été construits en utilisant des techniques constructives durables et des procédés de mise en œuvre qui ont abouti à une conception parasismique. Ils ont été montés progressivement à l’horizontale, couche par couche et à double paroi, en alternant les couches de maçonneries en pierre sèche et en bois sans aucun mortier. Ce mur parasismique est construit en posant deux poutres murales en bois parallèles l’une à l’autre, définissant ainsi la largeur du mur. Les éléments de bordure sont ensuite assemblés par recouvrement et fixés par une entretoise de bois formant un harpage de l’ensemble. En cas de séisme, les murs se déforment et se repositionnent pour atténuer les dégâts.

 

Cette disposition est un système parasismique couramment utilisé dans l’Himalaya et des équivalents existent dans les hautes vallées présahariennes du Maroc.

 

Pour des raisons de sécurité, une structure métallique a été ajoutée à l’intérieur du bâtiment, assemblée selon des normes parasismiques également.

Le platelage, un moyen novateur de découvrir le site.

Afin de faire découvrir aux visiteurs la ville disparue, un parcours sur platelage a été créé pour retracer l’historique des anciennes rues, places et ruelles de la citadelle d’Agadir Oufella jusqu’en 1960. Ce parcours a été élaboré grâce à l’aide de cartes et de photos aériennes datant d’avant le tremblement de terre, ainsi qu’à une analyse urbaine.

Compte tenu de la tragédie vécue par la Kasbah d’Agadir Oufella lors du séisme de 1960, il était crucial de respecter la mémoire des victimes en créant un platelage de circulation permettant de parcourir les lieux sans fouler le sol. Le parcours est construit comme un réseau de passerelles en bois, avec des étapes ponctuées de photos d’archives et d’explications, et se termine par un mémorial en hommage aux personnes disparues.

Platelage